Articles par Admin-crea

Les entreprises, et avant tout les Hommes, éprouvent actuellement des difficultés à traverser les perturbations venant de leur écosystème. 

Leur résilience est mise à rude épreuve dans ce contexte si complexe (crise sanitaire, énergétique, climatique, guerre…). À l’image de la crise du Covid 19, les chocs, qu’ils soient humains, économiques, écologiques, sanitaires, ou commerciaux, bouleversent les habitudes organisationnelles. Ces perturbations sont tout aussi destructrices que génératrices d’opportunités et de créativité. Toute fin génère un début.

Les études économiques et managériales actuelles tentent de décrire la révolution que nous traversons. Nous posons ici un regard sur les tendances managériales pour mieux comprendre les besoins actuels et futurs des collaborateurs-cadres.

Vous découvrirez les effets de la crise sanitaire étudiés chez les cadres, le degré et le caractère de l’attachement de ces derniers à leur entreprise, ainsi que leur besoin identifié de sens et d’équilibre. Nous nous appuyons sur quatre sources d’études socio-professionnelles de fin 2022 et début 2023* pour déterminer les tendances managériales.

1. CRISE SANITAIRE : TERREAU DE MOBILITÉ SOCIALE ET DE DISTANCIATION PSYCHIQUE 

La crise sanitaire a confronté le monde de l’entreprise à une période de « grande démission » voyant les actifs déserter les entreprises. Selon les données de la DARES (dares.travail-emploi.gouv.fr/), de fin 2021 à début 2022, le nombre de démissions a atteint un niveau “historiquement haut”, avec près de 520 000 démissions par trimestre, dont 470 000 démissions de CDI. Le précédent record datait du 1er trimestre 2008, avec 510 000 démissions dont 400 000 pour les seuls CDI. Une fois de plus ce phénomène s’est observé à la suite d’une crise majeure, économique à l’époque. 

Ce phénomène est en partie dû aux tensions actuelles sur le marché du travail caractérisées par des difficultés de recrutement du côté des entreprises, et par des opportunités plus vastes pouvant mener à une mobilité professionnelle favorable et donc à davantage de démission selon Le Monde du Chiffre

Cette grande démission serait également liée à une quête de sens de plus en plus importante chez les collaborateurs selon l’Apec (Association pour l’emploi des cadres). La réalisation de l’individu au travail ne se résumant plus qu’à sa seule contrepartie financière mais aussi à un alignement entre ses propres valeurs et celle de l’entreprise

Le célèbre magazine économique Forbes prédit une atténuation à court terme de ces phénomènes observés chez les collaborateurs en raison d’un contexte économique peu favorable aux prises de risques dans son article « Tendances qui marqueront le monde de l’entreprise en 2023 » du 05/01/2023.

La crise sanitaire ayant eu pour conséquence la mise en place de chômage partiel, de télétravail contraint puis concerté, elle a conduit de fait à une distanciation physique entre les cadres et leur entreprise. Cet éloignement, terreau d’introspection, s’est également traduit par une distanciation psychique. En psychanalyse freudienne, cette distanciation psychique est décrite comme le fait de prendre du recul sur sa vie, ses relations et son activité professionnelle.  

De plus, selon l’article « La Quête de sens au travail, un nouvel enjeu de la responsabilité sociale des entreprises » publié le 03/01/2023 par Le Monde du Chiffre,  le développement exponentielle du télétravail impose un enjeu managériale majeur : le maintien de la motivation et de l’implication des collaborateurs à distance. 

La hausse de la digitalisation du travail ainsi que la hausse des travailleurs de plateforme doivent aussi conduire les entreprises à s’interroger sur la manière d’humaniser les tâches ainsi que sur le maintien du lien entre salariés pour remédier à cette distanciation psychique et favoriser ainsi l’attachement des cadres à leur entreprise. Véritable avancée ou simple retour au bon sens ?

2. CADRES ET ENTREPRISE : UN ATTACHEMENT CERTAIN MAIS UN INVESTISSEMENT CONDITIONNÉ

Selon  l’étude de l’Apec intitulée  « La relation des cadres à leur entreprise – Un attachement réel mais des attentes en termes d’équilibre  de vie et d’évolution professionnelle » la relation des cadres à leur entreprise dépasse largement le travail. C’est ainsi que 80% des cadres ressentent un réel sentiment d’appartenance et sont fiers de faire partie de leur entreprise. Le même pourcentage pense que l’entreprise permet aux collaborateurs de grandir professionnellement. 

Selon cette même étude, la relation du cadre à l’entreprise comporte une large part d’affect et dépend  de 6 grandes dimensions : 

  • Le sens et l’intérêt porté à son travail.
  • Les relations interpersonnelles qu’ils tissent et plus largement la place accordée à l’humain dans la structure.
  • La rémunération, les conditions et outils de travail (dimension matérielle) 
  • L’équilibre de vie que le poste permet 
  • Les perspectives qu’offre ou non l’entreprise pour se développer 
  • La marque employeur, sa réputation et son utilité sociale 

Néanmoins l’interrogation sur leur degré d’investissement est grandissante au regard d’une volonté d’aspirer à un meilleur équilibre et de ne plus s’investir au détriment de leur santé. Les chiffres sur leur investissement sont les suivants :

  • 95% se disent investis dans leur travail 
  • 59% très investis
  • 85% prêts à se surpasser pour dépasser les objectifs 
  • 68% prêts à travailler les jours et les week-ends 

La frontière est donc ténue entre le fort investissement et le sur-investissement donnant lieu à des risques psycho-sociaux. Les chiffres sont éloquents :

  • 54% déclarent un état de stress intense 
  • 54% déclarent être en épuisement professionnel 
  • 39% se déclarent en déprime ou dépression 

Ces sentiments d’épuisement seraient encore plus présents chez les cadres-managers du fait de leur rôle d’intermédiaire dans la mise en œuvre de la politique et des valeurs de l’Entreprise. Cette position  exacerbe l’engagement et la surcharge mentale puisqu’elle les soumet à une exigence supplémentaire qui n’est pas toujours compensée par de meilleures conditions matérielles ou davantage de considération. Dans certains cas, se positionner entre le marteau et l’enclume est loin d’être une situation confortable. 

3. BIEN ÊTRE, RECHERCHE D’ÉQUILIBRE ET QUÊTE DE SENS :

L’attachement des cadres à leur entreprise est fort mais leur investissement est conditionné. Selon l’Apec, ils cherchent en réalité la bonne distance et l’équilibre dans leur implication. Ces derniers ont besoin d’être davantage considérés et valorisés dans une relation qui doit être nourrie par l’évolution

professionnelle et la qualité de vie au moyen d’une politique active de gestion des carrières et de QVT (qualité de vie au travail). Deux axes de travail prioritaires sont identifiés : 

  • La gestion des carrières : évolution de la rémunération, perspectives d’évolution, formation 
  • La qualité de vie au travail : bien – être et santé des collaborateurs, équilibre vie professionnelle / vie privée, amélioration de la convivialité et de l’ambiance.

Selon une étude de Microsoft, 76% des collaborateurs déclarent qu’ils resteraient plus longtemps dans une entreprise s’ils pouvaient bénéficier d’un soutien accru en matière d’apprentissage et de développement. La volonté de gagner en compétences et en valeur ajoutée a pour objectif de mener à bien ses missions au sein de l’entreprise mais aussi d’assurer son employabilité future. La formation des cadres doit répondre à ce besoin pour favoriser le présentéisme et garantir une meilleure santé de l’entreprise.

De plus, dans ce contexte de récession, l’incertitude macroéconomique est une source de stress qui impacte le bien-être des collaborateurs, à titre individuel comme collectif. Apparaissent les troubles psychologiques, la peur de l’inconnu, les incertitudes sur l’avenir et l’eco-anxiété. Le bien-être des équipes conditionne leur motivation et par effet domino, l’efficience de l’entreprise. 

Selon l’article “Tendances qui marqueront le monde de l’entreprise en 2023 » paru dans le célèbre magazine Forbesle 05 janvier 2023, si les entreprises veulent résister à la tempête, les dirigeants doivent prendre des mesures proactives pour soutenir leurs équipes pendant ces périodes difficiles. Cela passe à la fois par un management plus attentif, mais aussi par la mise en place d’un suivi adéquat pour donner à chacun le moyen de travailler plus sereinement.

Au-delà de cette recherche factuelle d’équilibre et de sécurité, c’est bel et bien le sens donné au travail qui se dégage comme un besoin majeur s’affirmant plus que jamais chez l’ensemble des collaborateurs. 

Le Monde du Chiffre nous indique par ailleurs que le sens donné au travail est devenu une des principales composantes de la marque employeur qui participe à attirer les meilleurs profils. 

Aujourd’hui les dirigeants et managers agiles adoptent un management lucide et éclairé pour s’adapter et répondre aux bouleversements des besoins de leurs collaborateurs. L’enjeu managérial principal : la fidélisation des salariés. Cette dernière doit prendre en compte les préoccupations de l’individu, l’impact de l’entreprise sur l’environnement et la transparence de ses activités. La mise en place d’une politique RSE honnête, authentique et durable est une des clés du développement de l’entreprise.

4. TENDANCES MANAGÉRIALES 2023 : 

Selon Forbes, L’année 2023 sera marquée par une volonté d’assurer la rétention des talents et d’apporter aux collaborateurs plus de valeur ajoutée dans un monde du travail en constante évolution. 

Dans un contexte morose, les entreprises qui souhaitent sécuriser leurs performances assurent la motivation et l’implication des équipes, fidélisent les collaborateurs. La réponse à la période d’inflation qui s’installe doit être également prise en compte (crise économique et énergétique actuelle). 

L’humain est enfin placé au centre de la stratégie. Les entreprises investissent sur la communication avec les collaborateurs pour cerner leurs projets d’évolution et leurs intérêts pour l’entreprise. L’accompagnement et la reconnaissance de l’interférence vie personnelle / vie professionnelle est possible en ménageant un espace de confidentialité et de confiance favorisant la communication.

Les managers s’appuient notamment sur les piliers de l’intelligence émotionnelle et adoptent l’écoute active pour accueillir, comprendre ensemble et s’adapter aux besoins de chacun. 

Pour répondre à une quête de sens au centre des priorités de l’individu, les managers favorisent un état d’esprit intrapreneurial (entreprendre au sein de l’entreprise) pour permettre aux collaborateurs d’être véritablement acteurs de la stratégie.

Selon l’étude “Inclusive Cultures Have Healthier and Happier Workers“ du Boston consulting Group paru en 2021, l’inclusion a un impact positif direct sur le bien être des salariés et sera un atout majeur de la performance de l’entreprise. Le manager favorise la diversité des profils et capitalise sur leurs singularités !

Le manager-facilitateur mise sur l’intelligence collective et favorise la réflexion sur les projets de l’entreprise. Les équipes co-construisent les solutions, les groupes de travail sont ritualisés. 

Pour assurer l’implication des équipes, il est également primordial d’être flexible sur le travail à distance, tout en fournissant des espaces de collaboration, formels et informels, propices au maintien d’un véritable lien humain. Ces espaces de travail axés sur les tâches se développent en intégrant la logique axée sur les interactions. 

En conclusion, l’année 2023 sera marquée par l’amélioration de l’expérience collaborateurs avec comme composantes principales : la reconnaissance de l’individu, la capitalisation sur son développement, son sentiment de sécurité et sa quête de sens. Une stratégie de moyen doit impérativement en découler pour répondre aux challenges macroéconomiques et managériaux actuels. La mise en place d’outils plus adaptés, d’espaces de travail repensés, mais aussi de stratégies managériales axées sur le bien-être, l’ambiance et l’évolution, sont des pistes sur lesquelles les entreprises résilientes s’appuient pour être actrices de leurs performances. 

Des solutions existent ! 

 

*SOURCES : 

  • APEC : Étude Trajectoire, Parcours et inégalités« La relation des cadres à leur entreprise – Un attachement réel mais des attentes en termes d’équilibre  de vie et d’évolution professionnelle » Novembre 2022
  • FORBES : « Tendances qui marqueront le monde de l’entreprise en 2023 » 05/01/2023
  • LE MONDE DU CHIFFRE : « La Quête de sens au travail, un nouvel enjeu de la responsabilité sociale des entreprises » 03/01/2023
  • CULTURE RH : « Tendances management en 2023 » 27/12/2022